2014/04/27

Cordoue


Cordoue est aussi traversée par le Quadalquivir. Une belle ville. On n'est resté que trois jours. Une petite erreur de planification qu'il faudrait corriger, si c'était à refaire. Trop peu de temps pour tout voir. Mais on est allé à l'essentiel. Ici on voit la Mezquita avec son clocher. 


Et le pont romain restauré.


Heureusement on logeait à deux pas de la Mezquita et de l'Alcazar, dans le quartier de la Juderia, le ghetto d'ou on les a expulsés à peu près au même moment ou Christophe Colomb découvrait l'Amérique. Pas eu le temps de voir l'intérieur de la forteresse.

On a beaucoup marché dans les rues du coin.


On a passé un bon moment à la Casa Sefarada, un musée qui raconte l'histoire des Juifs de Cordoue. Ce qui a permis à Hélène de rencontrer un autre de ses héros, Maimonides. Un grand philosophe juif, du Moyen-Age, de Cordoue qui a influencé la philosophie occidentale, avec Averrores. Le premier est juif, le deuxième Musulman. Les deux ont permis au rationalisme de se développer en Europe par le biais de Thomas d'Aquin et de quelques autres.

La rumeur veut que tous ceux qui frottent sa bottine deviennent aussi intelligents que Maimonides. Je ne comprends toujours pas pourquoi Hélène a senti le besoin de le faire. A noter que cet homme brillant à une Plaza en son honneur, une école, un Hotel et que sais-je encore.

On a fait le tour de la Mezquita, avant d'y passer une journée de touristage intense (voir l'entrée précédente de ma blogueuse préférée.)



On a aussi fait quelques promenades autour de la forteresse dont on voit ici une porte.


Et on a fait La Vuelta: le tour des trois ponts avec les gens de la ville. Les berges sont aménagées de chaque côté. Un endroit magnifique pour se balader.

On y a rencontré des activistes qui faisaient signer une pétition pour empêcher la municipalité de déplacer leur centre communautaire. De la propagande anti-monarchiste aussi.


Et partout, au détour, une fontaine,


une ruelle sombre,


ou des patios fleuris.




Je vous fais grâce des centaines de portes cochères magnifiques, et une quantité industrielle de belles vieilles choses historiqueset significatives.

Je n'ai pas l'habitude de faire la promotion des hotels qu'on utilise, mais l'Hotel Séneca, était particulièrement sympathique. Et bien joli. Notre chambre vu du patio


Et Hélène en pleine action sur le dit patio.



Petit point faible. Le Wifi ne se rend pas tout le temps dans les chambres. Peut pas tout avoir, même si on le veut, comme dit l'annonce.

É














2014/04/26

La Mezquita de Cordoue



Depuis longtemps, j'avais envie de voir cette mezquite. Ses arches, ses colonnes, son espace paraissaient séduisants. Dans un sens, je n'ai pas été déçue : les colonnes sont élégantes; l'espace, sombre et écho est impressionnant ( après tous les agrandissements, plus de 4 000 fidèle pouvaient prier simutanément dans la mosquée). Cependant, il y a tellement de touristes qu'il est difficile de trouver un espace pour soi. 

Je n'ai pas eu l'impression de sentir passer la recherche de sens ou d'immortalité des centaines de milliers de personnes qui ont construit cette église ou qui y ont prié. De plus, la mosquée a été agrandie tant de fois, et transformée de chrétienne à musulmane, puis de nouveau à chrétienne et à musulmane, puis encore à chrétienne, que l'espace et l'architecture ont joué un rôle avant tout politique, ce qui enlève de la pertinence à la construction.

Cependant, les arches doubles de 2 couleurs font vraiment penser à une forêt :



La superposition des styles, de musulman à rococo est parfois étonnante :


Mais aussi parfois heureuse :


Une chose intéressante, c'est la récupération. La mosquée a été construite à partir de colonnes qui existaient déjà. Pour qu'elles soient de la bonne hauteur, on les a superposées. L'ensemble reste quand même harmonieux.

C'est impressionnant. J'ai trouvé que ce qui appartenait à la tradition musulmane était sobre et beau, les dorures et richesses chrétiennes m'ont laissé plutôt froide.

Remarque insignifiante : 

Édouard n'est pas un grand partisan des visites d'églises (ou mosquées). Je le traîne. Une fois rendus, moi, je fonctionne en bonne élève zélée, qui veut comprendre les symboles, connaître les années de construction, etc. Donc, ça me prend du temps; j'emporte des livres-guides, je lis toutes les affiches; quand c'est possible, j'écoute les commentaires des guides qui encadrent les groupes de touristes. Une chance que Édouard est patient.

Cette fois, je l'ai convaincu de louer un audio-guide. Ici, il était composé de 27 explications correspondant à 27 stations dans la Mezquita. La Mezquita, c'est grand comme le centre d'achat Place-Laurier. La dame qui loue l'audioguide nous explique que les stations ne sont pas identifiées dans la mezquite mais que ce sera très facile à trouver. Elle nous remet un plan en 3 couleurs avec les points cardinaux et les 27 stations. Moi, je veux tout entendre, mais je suis 0 pour lire une carte. C'est Édouard qui nous guide d'un point à l'autre. Après une heure à examiner les nos 1 à 8, à se faire chercher, puis finalement trouver des styles almohades ou wizigoths, à examiner des blazons et des écussons, des archanges et des scépultures, on s'aperçoit qu'on n'a jamais regardé les bons numéros!

Sapristi! Pis Édouard qui veut pas qu'on recommence! 

Ici, Édouard écoute notre audio-guide, cherche (et trouve, en plus!) les caractéristiques du style almohade-inférieur!


H

2014/04/24

Jour six à dix: Fin de la Semana Santa


Le mercredi saint au soir on a fait la tourneée de deux ponts qui traversent le Guadalquivir (oui,oui elle vire en simonaque la Guadal) . Les berges sont très bien aménagées. Des pistes cyclables partout. Avec des simili-Bixi un peu partout.

Sur le pont, dans les grillages on voit des cadenas un peu partout. Bien attachés. Des noms de couple. Je crois qu'on y pitche la clé à la rivière après s'être promis fidélété éternelle. Me demande si on fait des trucs semblables ailleurs?



Le jeudi saint on a vu nos premières mantilles. Les couples étaient vêtus de noir de la tête aux pieds. Les femmes portent une espèce de tiare sur laquelle elles déposent une mantille de dentelle. Pas le moindre petit pas de Flamenco parzemp. Le moment est trop solennel.


À partir de vendredi saint il a fait gris. Normal. Quoique le tonnere ne se soit  pas manifesté à 15h. Il a fallu attendre dimanche en soirée. Pas tellement envie de prendre des photos. Et on commençait à être un peu las des processions et de devoir se battre pour les traverser pour aller d'un point à l'autre. L'oeil de H a quand même été attiré par ces gelées, dans une vitrine de pâtisserie. Pas vu de gelée moulée autrement que comme il se doit. Jamais de gelée de fraise sous une forme de banane.


On devait commencer à s'ennuyer du Québec. Lors de notre session de bouquinage à la FNAC H est tombée sur un roman qui citait, en quatrième de couverture, une critique du Journal de Montréal. Et moi qui n'ai jamais lu la moindre critique littéraire du Journal de Montréal. Va falloir que je revise mes habitudes.


Le dimanche de Pâques il pleuvait. On n'a rien fait. La ville était vide ou presque. La seule procession a dû rebrousser chemin à cause de la pluie. En pleine sieste on entend des slogans qui se crient dans la rue. Tranquillement on se ramasse pour aller voir autre chose qu'une procession. En plus, quelque chose de politique. Ça ne vallait pas vraiment la peine. J'ai pris quelques photos, mais elle ne sont pas vraiment bonnes. Brumassait. En plus il s'agissait d'une procession évangéliste: grosse fanfare, slogans criés à tue-tête. Les protestants étaient dans la rue pour nous dire que Christ est ressucité. Méritait pas une photo.

Lundi, notre dernière journée on visite les Archives des Indes. Vraiment impressionnant. Il y a une trace de chacune des activités impérialistes de l'Espagne ici. Une mine d'information. On y a même vu une carte de Québec en plus de bustes et de sculptures représentant quelques autres héros de H. Le cartographe s'est trompé dans l'identification de la rivière. On a dû ajouter un n à Laurenco.


Bilan de la semaine sainte.

Très impressionant. Je voulais faire un beau résumé. Mais le coeur n'y est plus. Juste quelques chiffres pour donner une idée de l'ampleur de la mobilisation sur une période de neuf jours.

D'après le programme qu'on a acheté il y a 71 fraternités qui organisent des processions, dont 61 qui indiquent le nombre de leurs membres, soit164 566 personnes, sans compter les 10 fraternités qui ne donnent pas de chiffre à propos de leur membership.

Heureux d'avoir été là.

É

2014/04/21

Jour cinq : La fascination pour la géométrie.



La mythologie chrétienne est remplie d'histoires, d'images de dieu, de ses saints, de sa mère, etc. Et ici, durant la semaine sainte, elles se mettent à courir les rues. Choses impossibles pour les musulmans et les juifs. C'est interdit de représenter dieu sous quelque forme que ce soit. 

Ce qui pose un problème intéressant. Comment décorer les temples, les palais, alors? Facile pour les  Chrétiens: suffit de bourrer les murs de tableaux et de sculptures qui racontent l'histoire de dieu. 

L'Alcazar est une des principales attractions touristiques de Séville. Et cette forteresse nous donne des exemples magnifiques de la façon dont les Musulmans ont résolu ce problème. Ils sont maîtres  de L'Andalousie jusqu'aux XVe, moment ou les Rois Catholiques prennent le contrôle de la région. Mais leur influence continue à cause de leur maitrise des techniques et de leur goût.

Ce que j'ai trouvé le plus frappant ce sont les céramiques. Rien à voir avec celles de chez Rona ou Réno Dépôt. En fait ce qui surprend ce n'est pas tant la céramique que les mosaiques qu'on a frabriquées avec.

Des photos pour illustrer mon propos :


Au premier contact on a l'impression qu'il s'agit de tuiles assemblées comme on le fait chez nous, ce qu'on appelle ici des "azulejos". Il y en a partout en Andalousie. Mais il ne s'agit pas de cela. (Ne vous laissez pas impressionner par les personnages. Il ne sont là que pour donner une idée des proportions.)


En y regardant de plus près on se rend vite compte que c'est un casse tête hallucinant.                                  


Et d'encore plus près, on ne peut s'empêcher de se demander comment ils ont fait pour reproduire, sans erreur ces motifs géométriques. Par quel bout on commence un tel assemblage? Sans parler des coûts d'un tel projet de rénovation.

Chaque figure est composée de centaines de morceaux de céramique coupés je ne sais trop comment, pour faire des étoiles à douze ou à cinq pointes, des L, des V, entrelacées de polygones de toutes sortes qui forment à leur tour un nombre incalculable de figures et de formes diverses. Le jeux des couleurs ajoutant encore une autre dimension.

Géométrie image du divin, dirait Platon.









2014/04/20

Jour quatre,

Mardi saint:

Jean le Baptiste, devenu saint par la suite, a perdu la tête pour une femme, ou plutôt à cause d'une femme. Salomé.

Il accusait le roi local de coucher avéc la femme de son frère. Cette dernière voulait que le roi punisse cet impertinent. Mais Hérode aimait bien Ti-Jean et refusait de le punir.  Plus tard Salomé, fille de cette femme devient une grande danseuse. Aurait fait fureur à "So You Thinking You Can Dance". Tellement bonne qu'Hérode est prêt à lui donner ce qu'elle voudra. Plutôt que de demander la moitié de son Royaume, elle lui réclame la tête de Jean qu'elle s'empresse de remettre à sa mère. Pas dans une poche ou un emballage cadeau, mais "sur un plateau".

Et c'est ce qu'on nous montre à la Cathédrale et au Museo de Bellas Artes.


Cheveux bouclés, couchée sur le côté pour qu'on saisisse bien le message: on n'a pas à faire à un buste, une tête sur un socle. Non. Il s'agit bel et bien d'une décapitation.

Je ne suis pas fort en anatomie, mais ça me semble assez conforme à ce que ça devrait être le dessous d'une tête coupée à "la hauteur normale des épaules", comme disait René Lecavalier.

Pourquoi cet intérêt pour un détail aussi macabre? Appel à tous. 


2014/04/19

Jour deux et trois: l'image de l'image

Dimanche des Rameaux:

Le Kodak est partout. Comme dans les manifs des carrés rouges, les matchs de l'Impact ou quelques autres événements de masse, la procession, surtout lors du passage des "Pasos", ces plateformes ornées de sculptures du Christ et/ou de la Vierge, fait sortir le Kodak sous toutes ses formes. Tenu à bout de bras, il capte l'instant fugace et montre à tout le monde que son porteur est non seulement là, mais aussi qu'il est très moderne. Il a un iQuelqueChose ou un S-QuelqueChose. Rien qu'un kodak, en fait.

Ce qui me fait bien rigoler ce sont les gens qui prennent des photos avec des iPad. Surtout au bout de leur bras. (J'imagine que c'est pour cela qu'il n'y a pas de téléphone sur les iPads. Imaginez le look de quelqu'un qui parlerait dans un IPad. Ça lui prendrait des batèches de mains en plus. Pas très cool.) Mais le désir de saisir l'instant et d'annoncer sa modernité est plus fort que la crainte d'avoir l'air niaiseux. J'en ai même vu un qui traînait un trépied pour son gros Pad, comme dirait S!


Lundi saint:

En plus de toutes les belles choses visitées, dont la superbe Cathdrale, j'ai vu une très belle photo sur les palissades de la Plazza San Francisco, que je me suis empressé de photographier à mon tour avec mon oQuelqueChose :


Pour faire ce genre de photo (celle sur la palissade, pas la mienne) ça prend plus qu'un kodak. De la patience et de sérieuses connaissances. Du travail professionnel. Son nom Manuel Olmedo. Un artiste. Lui et plusieurs autres ont passé des heures à fabriquer des centaines d'images de la Semana Santa, toutes plus belles les unes que les autres. Ils en ont fait don à la Fundación Cajasol, pour pouvoir les voir exposées au grand public. J'ai essayé de capter ce moment ou les porteurs sautent pour faire lever le "Paso" avant de se mettre en branle. Je ne sais pas comment il a fait, mais chapeau.

En plus c'est quand même curieux qu'il y ait des centaines de belles photos des processions sur les palissades construites pour protéger les estrades où sont assis les gens qui paient pour voir les processions lesquelles palissades, par le fait même empêchent les autres de voir. Peuvent toujours se rabattre sur les photos, parzemp.

2014/04/17

Une ménagère à Séville

Nous avions loué de Montréal un petit appartement à Séville pour 10 jours, incluant la Semana Santa. Un peu pour économiser, un peu aussi pour pouvoir relaxer et nous retrouver tous les deux sans pression -genre passer une journée sans visiter quoi que ce soit!- , un peu pour pouvoir faire notre propre cuisine.


Le studio est minuscule. Comme j'ai dit aux filles, à peine plus grand que le campeur. On dort sur un canapé-lit. Quand il est ouvert et bien appuyé au coin de la chambre, il faut grimper sur le lit pour ouvrir la porte du logement, et il nous reste 1 pied des 2 autres côtés pour circuler.


L'appart est au 4ème étage (64 marches), le wifi est capricieux, et fonctionne mieux dans l'escalier. La toilette a une petite fenêtre qui donne dans l'escalier (on entend les bruits des toilettes de tous les voisins et vice versa!); il y a une douche-téléphone, on l'utilise assis sur la toilette! On peut difficilement parler de cuisine, mais il y a un petit évier, un frigo de bar, un grille-pain et une plaque de cuisson qui fonctionne par induction. Il y a 2 chaudrons, le plus gros des 2 doit contenir 2 tasses de liquide. Pas de cafetière. L'appart est situé dans une rue du centre-ville, à l'étage supérieur d'un immeuble traditionnel bien sombre qui conserve sûrement la fraîcheur (et aussi l'odeur de cani) et dont les portes, nombreuses, comportent un tas de serrures. L'appart ouvre sur une terrasse mais le mur qui donnerait sur la rue est en simili-gazon. On ne peut pas voir défiler les processions qui passent, nombreuses (et bruyantes) par notre rue.

Édouard trouve le wifi dans l'escalier:



Ajouter à cela une très forte odeur d'égoût quand on est entré le premier soir. La ménagère était bien déprimée! Mais après 5 jours, j'adore le petit studio. Et j'y passerais volontiers un mois à Séville le printemps prochain!

Parce qu'on est au dernier étage, on laisse toujours la porte ouverte sur la terrasse. L'odeur d'égoût est partie. On est très contents d'être au centre-ville. On voit pas les processions, mais les gens qui passent dans la rue ne nous voient pas non plus... Quand on se couche et qu'on ferme la porte, c'est assez silencieux. De la terrasse, on entend quand même les voisins; la petite fille d'en face par exemple, fête actuellement son anniversaire. Je l'entends qui parle avec sa grand'mère. (Je m'ennuie de mes petits-enfants!).


Quant à la cuisine, on déjeûne ici le matin. Édouard nous fait son célèbre café de cowboy. On peut faire bouillir des oeufs, manger des céréales, des sandwiches, des salades. Il y a un petit dépanneur en face qui vend de la grosse bière et des vins qu'on essaie à tour de rôle.


On a même un grille-pain plutôt hi-tech:


Pour le reste, on commence à se faire des amis dans le quartier : il y a une belle boulangerie à côté, avec du bon café (même si le café de cowboy est par ailleurs délicieux!), des gâteaux en tous genres. La madame nous donne des leçons d'espagnol. Il y a aussi un petit bar à tapas bien sympa. Le camarero nous a suggéré de goûter à quelques'unes de leurs spécialités populaires : un ragoût de tripes, de minuscules coquillages (3cm) appelés coquinas. Délicieux et surprenant! Le monsieur nous trouve drôles (ou fait semblant!) Agréable illusion de devenir des habitués!

La ménagère ne s'ennuie pas du tout de sa cuisine!

De la terrasse, on voit la tour de la Cathédrale.


En grimpant sur une chaise on peut voir la foule massée au pied de notre immeuble pour voir passer la procession.




Quelques détails insignifiants :

Les appareils ménagers sont plus sophistiqués que chez nous. La petite plaque de cuisson par exemple, nous a demandé plusieurs essais avant de réussir à la faire fonctionner. Je ne suis pas encore sûre qu'on contrôle ça tout à fait bien.

Très agréables les tapas. Des petites portions variées. On n'hésite pas à goûter. Seul désagrément : dans les bars à tapas, on mange souvent debout appuyés au bar. Moins tentant après un journée de visiting...

Dans les restos ou bars, les garçons s'adressent toujours d'abord à Édouard. On est allés manger dans un resto-école d'hôtellerie. Notre table était attribuée à une jeune femme (serveuse) et un jeune homme (sommelier). C'est à Édouard que la jeune femme demande ce qu'on va manger. Quand les assiettes arrivent, comme d'habitude, il est toujours servi en premier. Le sommelier vient demander à Édouard ce qu'on va boire. Je suggère quelque chose à Édouard qui le demande au garçon. Il part chercher la bouteille en question et une coupe de vin. Il demande à Édouard si la Senora va boire quelque chose! Puis, comme Édouard veut bien, repart me chercher une coupe. La bouteille est dans un bac de glaçons loin de notre table. C'est le sommelier qui nous sert (toujours Édouard en premier, bien sûr!) Comme je bois plus vite qu'Édouard, je dois demander au garçon de nous servir. À la fin du repas, il reste une seule coupe dans la bouteille, et le garçon la verse au complet dans le verre d'Édouard. La senora était pas contente et a protesté en invoquant les grands principes de justice et de dignité humaine! Il a au moins rougi un peu.

H
















2014/04/14

"Venez Péradez avec nous"

"La mère de toutes les célébrations de Pâques". C'est ce que nous a dit notre charmante logeuse de Jerez, au sujet de Séville.  "C'est elle qui a inspiré toutes les autres célébrations en Espagne. Vous allez aimer cela, continua-t-elle". Les cérémonies religieuses ne m'attirent pas tellement. J'hésitais. Mais je me suis  rabattu sur l'idée que c'est censé être une fête populaire importante aussi. Alors on s'est donné le go, le vrai! En plus, on avait raté, lors de notre premier séjour au Guatemala, celle d'Antigua, réputé être le sommet de toutes les célébrations  en Amérique Latine. Donc pas question de rater celle de Séville.

Là on y est. Ce qu'on a vu de la ville depuis notre arrivée il y a deux jours, est magnifique. On s'en reparle. Pour le moment, ce qui nous a le plus frappé ce sont les processions. La Semana Santa a commencé officiellement hier avec le Dimanche des Rameaux.


On a fini par mettre la main sur un horaire des processions. On découvre qu'il y en a neuf au cours de la journée. La première commence à 15h, et doit passer dans la rue de notre appartement, la rue Zaragoza. Youpi.

Un peu de contexte.


Les processions servent à faire défiler dans les rues des scènes representant divers moments de la ¨Passion du Christ¨ pour inspirer les fidèles. Chaque paroisse a des associations, des confréries qui prennent en charge ces processions. Elles ont des noms impressionnants. Celle qui se rassemblait près de chez nous se nomme "Humilde y Fervorosa Hermandad y Confraria de Nazarenos de Nuestro Padre Jesus Despojado de sus Vestiduras..." La suite est aussi longue. 


Il y a une fanfare au début et à la fin de chaque procession, des Nazarenos, ou des pénitents costumés avec des cagoules pointues qui, pour les Nord-Américains, font penser au KKK. Les deux types de costumes ont peut-être une origine commune, mais je n'ai pas fouillé la question.




Certaines confréries regroupent jusqu'à 4 000 Nazarenos. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, tous costumés de la même manière.


Chaque confrérie ayant ses propres couleurs. Ils sont tellement épeurants qu'ils offrent des bonbons aux enfants qui leur en demandent. Les parents encouragent leurs petits à surmonter leur peur en allant quêter un bonbon aux Nazarenos: va, affronte le Bonhomme Sept Heures.



Il y aussi et surtout d'immenses plateformes avec des sculptures représentant la vie du Christ.


Elles sont portées par une quarantaine de personnes, entassés sous de la plateforme, aveuglés par une toile. On les guide par des commandes vocales, hurlées à travers les paroies de la plateforme. Deux coup de claquoir, sur le bord de la plateforme et c'est le go! Assez impressionnant de voir cette masse faire un saut de quelques pieds dans les airs, quand résonne la commande du départ. Les porteurs, au repos sont assis ou à genoux. Tout ce beau monde et la charge qu'ils portent, se lèvent debout, d'un coup sec et se mettent en mouvement comme un seul homme.

Les applaudissements fusent quand une fanfare joue particulièrement bien, ou quand les porteurs réussissent une manoeuvre délicate au tournant d'une ruelle étroite, bondée de monde, ou encore, si le bond de départ est spectaculairement réussi.


Il y a aussi beaucoup d'encens.

Chaque procession part de l'église paroissiale, se promène dans le quartier, passe obligatoirement devant la cathédrale avant de revenir au point de départ. A divers points stratégiques on change l'équipe de porteurs. J'ai une petite vidéo qui montre bien le changement de la garde. (En espérant que je puisse la publier. La connexion Internet au logement est plutôt faiblarde.) Cetaines processions durent 12 heures. La plus courte hier durait cinq heures. Il faut donc plusieurs équipes pour se relayer. A la fin du périple vers 21h, nos Nazarenos, sur la route depuis 15h, avaient l'air pas mal poqués, particulièrement les enfants de sept ou huit ans.


Immaginez les problèmes logistiques quand neuf processions circulent en même temps. Et ce pendant sept jours! Et à chaque fois il faut aussi s'assurer que les familles, les fidèles et les touristes puissent circuler, pour voir leur confrérie préférée et vaquer à leurs occupations ordinaires. Et tout nettoyer au fur et à mesure. Hier, plusieurs petites familles, avec de tout petits enfants à bout de patience, étaient désespérées, coincées entre trois processions, incapables de rentrer à la maison.


Un joyeux carnaval, donc.


Très impressionnant de voir des milliers de personnes dans la rue, tout le monde sur "leur 36", comme on dit chez nous, à part les touristes comme nous, évidemment. Une fête magnifique ou les enfants, les familles, les ados, les petits vieux comme nous se promenent pendant des heures pour voir défiler les pénitants, pour rencontrer les amis et prendre un verre ensemble, ou déguster une couple de tapas entre deux processions, et ensuite se recueillir au passage de l'une d'elle, toucher la platforme du Christ ou de la Vierge, se signer et continuer à placoter avec les amis. Sans oublier l'autre procession, celle des passants. Bien assis sur les marches de la cathédrale ou à une terrasse les Espagnols prennent grand plaisir à regarder passer leurs compatriotes. Nous aussi. (Peut pas m'empêcher de penser au slogan publicitaire de Sté-Anne-de-La-Pérade: "Venez pérader avec nous.") Et on a ainsi découvert de très belles bottines, entre autres. Mais ça c'est une autre histoire.

É