2006/05/13

Chengdu, pays des bons Samaritains

On a quitte Chengdu depuis presqu'une semaine deja. Un peu en retard dans les "reportages". Je vous ecris ceci au moment ou on est sur le point de quitter Lijiang. Mais j'ai une bonne raison. Je n'ai pas vu grand chose de Chengdu, meme si on y est reste 8 jours. J'ai surtout visite les recoins de notre chambre au Loft Youth Hostel, passe quelques minutes a un centre de preservation et de rehabilitation des Pandas, et quelques heures a attendre et a me faire soigner au Huaxi International Hospital.

Rien de bien grave. Une grosse grippe. Un peu de fievre. En fait, une bronchite comme j'en fais de temps en temps. Mais, par les temps qui courent, avec tout ce qui se dit au sujet de la prochaine pandemie de grippe aviaire, on a decide de ne pas prendre de chance et de s'assurer que ce n'etait pas vraiment grave. Huaxi est le meilleur hopital dans l'ouest de la Chine. Ce n'est pas moi qui le dis, mais le premier bon Samaritain dont je veux vous parler. Un etudiant de premiere annee de medecine qui etudie ici, et qui vient de Chonqing.

On etait a la reception de l'hopital a essayer de nous faire comprendre. On avait un morceau de papier sur lequel la receptionniste de l'auberge avait ecrit en chinois : "Je voudrais rencontrer un medecin qui parle anglais". Malgre toute la bonne volonte de la personne qui nous acceuillait et tous nos simagres, on n'arrivait a rien. Il y avait des dizaines de personnes autour. Elle lance quelque chose en regardant tout autour d'elle. Un jeune homme lui repond et il s'offre comme interprete. On finit par apprendre que cette section de l'hopital ne traite pas les etrangers. On doit se rendre au batiment voisin, la section internationale de l'hopital. Le jeune homme discute et remet un peu d'argent a la receptioniste en lui presentant une jeune fille. On finit par apprendre qu'il est en premiere annee de medecine, et qu'il accompagne son amie de coeur a l'hopital : elle est malade. Il la laisse la et nous indique le chemin vers le batiment voisin. On finit par rencontrer un medecin une trentaine de minutes plus tard. Le jeune homme est reste avec nous jusqu'a ce qu'il se rende compte que le medecin parlait anglais et qu'on n'avait plus besoin de lui. Il est parti en nous disant bonjour avec un grand sourire. C'est a peine si on a eu le temps de lui dire merci. Du bon monde!

L'autre bonne Samaritine habite Shanghai avec son fils, mais elle passait le conge du Premier Mai avec ses vieux parents a Chengdu. On l'avait rencontree tout a fait par hasard dans le wagon restaurant du train Beijing -Shanghai. Elle parle un anglais impeccable. Son fils de 23 ans itou. Ils sont candidats a l'immigration au Canada depuis 4 ans. Elle venait tout juste de recevoir son acceptation quand on l'a rencontree a Chengdu. Elle etait tres curieuse sur tout ce qui concerne la vie au Canada (Chanada, comme on dit ici). Comme cela, a la fin du repas elle nous donne sa carte d'affaire et nous invite a la contacter a Chengdu lorsqu'on y passera. On a correspondu. Et finalement elle est arrivee a notre hotel, le premier matin ou la fievre commencait a baisser. Elle avait tout un programme de visite a nous proposer. Finalement elle a mobilise son cousin pour qu'il nous conduise a travers la ville et nous fasse visiter les Pandas. Ensuite on se rend dans un salon de the traditionnel du Setchuan.


On y passe un bon moment a savourer les specialites de la region et a discuter de l'evolution de la Chine, de la situation politique, des problemes de la revolution culturelle (son cousin a passe 8 ans dans des camps de reeducation) de tout et de rien, en fait. Le seul veritable contact qu'on a eu a date avec des Chinois. (La langue est vraiment un probleme majeur. T'as raison Pierre, il faut apprendre le Chinois avant de venir ici). En fin d'apres-midi ils s'offrent meme a me conduire a l'hopital, ayant constate que je n'etais pas tout a fait en forme. C'est d'ailleurs elle qui me parle de Huaxi Hpspital. Je la remercie. Mais ils en ont deja suffisamment fait pour nous: Durant toutes ces visites, on n'a jamais pu payer quoique ce soit. On etait ses invites. Du bon monde. On s'est rendu a l'hopital 2 jours plus tard.

Le personnel de notre hotel est vraiment fantastique. Particulierement Louise, la receptioniste agent de voyage. Elle nous a aide a resoudre toutes sortes de petits problemes pratiques comme la reservation de billets d'avion. Il y a aussi Lars et son epouse. Un jeune couple qui vient tout juste d'ouvrir un restaurant danois au premier etage du Loft. On y mange du tres bon "comfort food" tres reconfortant quand on est pas tout a fait sur le piton. Je vous recommande chaudement leur hamburger. Toujours le sourire aux levres et le bon mot.

Tout pres de chez-nous il y a une clinique esthetique. (Non, je n'ai pas subi de lipsuccion.) Quand notre thermometre ne fonctionnait plus, Helene est parti a la recherche d'un remplacement. Ne trouvant rien, elle est arretee a cette clinique pour s'informer de l'endroit ou elle pourrait en trouver un. L'infirmiere lui en donne un, sans aucune hesitation. Elle lui donne meme son nom et son numero de cellulaire au cas ou dans la nuit elle aurait besoin de quelqu'un pour l'accompagner a l'hopital, si jamais c'etait necessaire. Assez fantastique tout de meme.

Je vous le dis, Chengdu pas mal plus qu'une capitale mondiale de gastronomie.

2006/05/08

et fin

(Ceci est vraiment le dernier billet sur Xian, jure crache)

Nous sommes a Chengdu depuis un peu plus d'une semaine. Une petite grippe nous a ralenti un peu. Mais maintenant nous sommes prets pour la continuation. Nous quittons ce soir pour Lijiang, une ville qui a ete declaree patrimoine mondial par l'Unesco. On vous en redonne des nouvelles. Mais aujoud'hui je voulais vous parler une derniere fois de Xian. Vous raconter notre depart en train. Ce fut une experience unique pour nous qui avons deja quelques "runs" de trains chinois et indiens dans le corps.

Le voyage Xian Chengdu n'a rien de bien particulier. 18 heures de nuit, on voulait donc une couchette. C'est la facon dont on a obtenu nos billets et surtout comment on a reussi a monter "a bord" comme on dit, qui est speciale.

On s'y etait pris d'avance pourtant pour acheter nos billets. Mais c'etait le debut du long conge du Ier mai. L'agent de voyage du Ludao Hotel nous avait averti que ce ne serait peut-etre pas possible, mais que lui il pourrait toujours nous trouver un lit, si on etait pret a payer la commission. On tente notre chance pour acheter notre billet nous-memes. On se rend a la gare. Des milliers de personnes faisaient la queue devant et tout autour de nous. Quelqu'un essaie de se faufiler dans une des files d'attente menant a un guichet. Il a failli se faire scalper! On se rappelle qu'a chaque jour, il y a 10 millions de Chinois qui prennent le train. Au debut du plus important conge de l'annee, il doit y en avoir le double! Apres 30 minutes d'attente on finit par se pointer au guichet. La preposee parle anglais. Mais il n'y a pas de billet pour le jour ou on veut partir. Nous sommes a ce moment la, 5 jours d'avance. On decide de laisser tomber les billets de premier classe qu'elle nous offre, comptant bien nous rabattre sur l'agence de voyage de notre hotel. Et effectivementle prepose de l'hotel nous promet les 2 billets de "hard sleeper" (couchette pas si dure que cela, en fait). On doit lui remettre 200 yuans par billet. Le prix etait de 122 a la gare. La commission? On ne sait trop. Seul hic, on ne peut avoir les billets avant le jour meme du depart. Hmmmm. Finalement on accepte, n'ayant pas le choix, a moins de passer encore quelques jours a Xian.

Les jours suivants on passe regulierement pour voir si nos billets sont arrives. Chaque fois la preposee est mal a l'aise. On ne comprend pas trop ce qui se passe. Le matin de notre depart, le midi, l'apres-midi, toujours pas de billet d'arrive. On est assis dans le hall de l'hotel, ayant du quitter notre chambre a midi, sirotant nos bieres tranquillement. Je ne suis pas inquiet, me disais-je, zenistement. Au pire, on couchera dans le lobby de l'hotel! Mais vu que je ne suis pas vraiment bouddhiste et zen, la pression montait tout de meme un peu a chaque heure qui passait sans billet. La preposee passe son temps a me dire "Don't worry about your ticket." La veille, quelqu'un m'a dit qu'on les aurait probablement 30 minutes avant notre depart. Je croyais que c'etait une farce de pince sans rire.

Mais non. C'est effectivement ce qui s'est passe. J'ai fait du sang de cochon toute la soiree, moi qui aime toujours etre rendu au moins deux heures a l'avance pour eviter tous les pepins possibles.

En fait on n'a jamais eu de billet. Le train partait a 22h. A 21h30 une preposee de l'agence de voyage est venue nous chercher et nous dit dans un anglais impeccable qu'il est temps de partir. On enfourche nos sacs a dos. La gare est a 10 minutes de marche. Dehors c'est un veritable capharnaum. Des dizaines d'autobus, de taxis, des milliers de pietons qui convergent vers la gare. L'air est difficile a respirer. En plus c'est la premiere journee de chaleur depuis notre arrivee dans cette ville. J'ai de la difficulte a respirer avec tout ce qui sort des vehicules qui circulent en faisant hurler leur klaxons.

Arrives a l'entree de la garre c'est la pagaille. Tout le monde veut passer son sac dans la machine a detecter le metal en meme temps. On reussit a entrer. La on rencontre 3 hommes qui ont chacun deux cellulaires en main. Discussion avec la preposee Je m'apercois qu'elle a nos 400 Yuans en main. Elle est calme, souriante. Je commence a comprendre ce qui se passe. Je crois qu'elle est en train d'acheter des billets d'un "scalpeur", comme ceux qu'on trouve a l'entree du Centre Bell avant un match ou un spectacle. Ils ont les deux masses en l'air. Ca crie. mais ca ne m'impressionne pas trop. Les Chinois parle toujours tres fort. On a toujours l'impression que la bagarre va pogner d'une minute a l'autre. Mais non. Tout a coup on se remet en mache. Je me demande bien comment on va faire. Il doit y avoir 5 000 personnes dans le hall, soit qui arrivent soit qui partent. On n'arrivera jamais a prendre le train a temps. Il ne reste plus que 15 minute et on a toute cette foule a traverser.

C'etait sousestimer l'entrepreneurship chinois. Le groupe se met a nouveau en branle et on monte deux etage. On entre dans la salle d'attente de la premiere classe. Ici c'est silencieux. Il n'y a presque personne. Rencontre d'un autre "contact". En uniforme celui-la. Les cellulaires se font aller les batteries. Ca placotte fort. On semble negocier, allez savoir. La preposee de l'agence de voyage est toujours impassible. Elle s'inquiete de mon etat. Je suis a bout de souffle, j'ai chaud et j'ai hate d'etre etendu dans la couchette promise, mais a part cela tout va tres bien madame la marquise. Apres quelques minutes on se remet a nouveau en branle. Des corridors sombres, des escaliers a descendre. On se promene dans les catacombes de la gare. Le prepose en uniforme ouvre une porte et nous voici sur le quai. Presqu'en meme temps le train entre en garre. Des gens debarquent. On lance des boites lourdes sur le quai. Et nous on court vers un wagon particulier: le 13. Nouvelle discussion. Nouveau telephonage. Des gens se pressent pour embarquer. Bousculade. Tout le monde veut partir en vacance! Dans quel h... de bord.... sommes nous embarques?

Le train siffle et la tout se complique. On est sur le depart et les negociations ne semblent pas encore terminees! Que faire? La preposee de l'agence de voyage me glisse dans la main mes 400 Yuans en nous montrant l'escalier du train. Elle me dit: "This is all I can do for you!" On hesite. Finalement je monte, serrant notre pognon. On verra bien. Helene se fait pousser dans le dos pour monter, le train est en marche. (C'est la 2e fois que je la vois prendre un train en marche. La premiere j'ai ete tres surpris, mais la, je ne l'ai presque pas remarque.)

On se retrouve dans un wagon ou les gens sont tous entasses. Je me vois oblige a faire les 18 heures du voyage debout dans un corridor etroit ou, au mieux, assis sur mon sac a dos. Helene passe proche d'ecraser, dans sa chute, une pauvre femme deja assise par terre. Heureusement quelqu'un lui saisit le bras juste a temps. La nuit va etre longue.

Mais non. En fait le train n'est pas si bonde que je ne le pensais. C'est juste ce wagon-ci. Et seulement devant le bureau du prepose aux reservations. En Chine, si on ne peut avoir une couchette dans un train on peut acheter un billet ordinaire et par la suite payer la difference et se faire "upgrader" comme on dit ici. Tout a coup le dernier prepose en uniforme rencontre au pied du wagon et qui etait monte a bord tout de suite avant nous, prend les Yuans que je tenais pas trop fermement, les lance sur le bureau du responsable. Deux secondes plus tard j'ai un recu en main et le prepose me fait signe de le suivre. (Apres analyse serieuse, ce recu qui a toutes sortes de details est au montant exact de 400 Yuans.) On doit se rendre au wagon 5. Il faut traverser 8 wagons pleins, dans un train en marche, avec nos gros sacs a dos! Nos sacs sont de plus en plus lourds, les corridors de plus en plus etroits, le train balotte de plus en plus, mais, de peine et de misere et sans trop faire de degats aux pieds des passagers rencontres on s'est rendus au wagon 5. La le prepose net la main sur 2 couchettes du bas. Les lumieres sont tamisees. Il fait frais. Le bonheur total. Il y a meme un bouteille thermos, comme on dit en France, pleine d'eau bouillante. On se fait du the, silencieusement pour ne pas deranger les 2 voyageurs qui sont sur les 2 couchettes du haut. Il n'y a personne sur celle du milieu. Helene me dit, avec un grand sourire, "H.... que la vie est belle."

Et ils passerent une tres bonne nuit.

Le prochain billet va etre moins long et plus illustre, jure crache.

2006/05/04

Xian suite ...

A Xian il n'y a pas que des soldats en terre cuite. Il y a aussi une ville trepidante de pres de 7 000 000 d'habitants. Voici quelques images tirees de la vie quotidienne de deux touristes quebecois qui arpentent les rues.

Il y a bien sur du trafic. Mais ici il est geometrique. Les rues sont toutes bien numerotees en rues et en avenues, selon les 4 axes: Bei (nord), Dong (est), Nam (sud), Xi (ouest). Facile de se retrouver, comme a Beijing. (Oui. Vous avez raison. Beijing c'est Bei et Jing: nord / capital. Fin de la lecon de Chinois pour aujourd'hui.) Un bon systeme de bus qu'on a utilise avec beaucoup de plaisir.





Il y aussi des milliers de restaurants. On n'est pas entre dans celui-ci. Il ne nous inspirait pas confiance. On n'aurait jamais non plus achete de patisserie a Paris, dans une patisserie qui s'afficherait comme une "Patisserie francaise".










On a vu aussi beaucoup de boutiques artisanales qui frabriquent tout ce qui est necessaire a la vie quotidienne. Exemple: des ferblantiers qui fabriquent ces immenses marmites pour les cuisines des restaurateurs. On y prepare des tonnes de bonnes choses. Particulierement des pates fraiches qui se consomment sous toutes les formes imaginables pour une nouille. Je suis triste de ne pouvoir vous montrer la magnifique photo que j'ai perdue, d'un jeune homme en train de fabriquer une nouille de 2 metres de long en la faisant balancer de haut en bas. Un geste gracieux que j'avais reussi a saisir juste avant qu'il ne la balance, de facon tout aussi elegante dans la marmite de fer blanc remplie d'eau bouillante. Dommage!










Il y aussi des rabatteurs/euses qui tentent de vous convaincre de visiter leur boutique. Celle-ci essayait de convaincre Helene que son restaurant etait tres bon. Generalement on se contente de nous faire des signes a partir du seuil de la porte en criant "Hello!" Mais celle-ci sait parler la langue internationale du tourisme et elle argumente subtilement. Son truc n'a pas eu d'effet. Nous sortions justement de table: des brochettes de chevre ("mutton" en langue du tour....), du pain a l'ail et au cumin, des petits plats qu'on a commandes en pointant sur la table de nos voisins, sans jamais savoir ce qu'on allait effectivemnt recevoir. Cette fois-ci c'etait tres bon. (Il arrive qu'on pense pointer vers un plat qui ressemble a une grosse assiette de patates frites taillees en juiliennes et qu'on recoive quelque chose qui n'est vraiment pas des pomme de terre.) Alors elle n'a pas eu de chance. Parce qu'il arrive qu'on se laisse tenter par les rabatteurs. Ce ne sont pas toujours des affreux opportunistes. A noter que je n'ai pas ose la photographier de face. Je ne voulais rien lui devoir.





Comme c'etait la semaine qui precede le conge du premier mai, il y avait beaucoup de touristes chinois qui visitaient les memes places que nous. Celui-ci est deguise pour la photo. On peut louer de tels deguisement pour se faire photographier devant un monument. Dans ce cas-ci, un jeune couple avait reussi a convaincre pepere de prendre la pose devant un kiosque dans la place devant la "Big Wild Goose Pagoda" comme on l'appelle dans la langue du tourisme international. (Vous avez compris que c'est la pagode qui est geante et non la "wild goose". J'ai quand meme passe quelques moments a demeler cela et a imaginer ce que ca serait une oie sauvage geante.) Je vous fais grace de la pagode. Mais j'ai trouve que ce grand-pere etait sympathique, meme s'il a l'air un peu perdu dans cet attirail.