2004/03/29

Plaies de hamac

De retour de Si Phan Don a Pakse depuis quelques heures et dans quelques heures nous repartons pour Vientiane. Faut dire qu'on est repose. Nos 4 jours la-bas ont ete des jours de detente.

A Si Phan Don on a vu une trentaine d'iles seulement. On ne peut donc confirmer le chiffre de 4 000. Et on en a visite que 2 : Don Det et Don Khone. [Je n'ai pas mis de lien vers des sites sur ces iles. Je n'ai trouve que des sites de photos de voyage. En tapant ces noms dans un moteur de recherche vous aurez de belles images de ces iles. Et dans quelques jours, Inch Allah, nous publierons les notres.] C'est un endroit magnifique.

Le voyage s'est fait en camion/bus -- je ne sais pas comment les appeler autrement. A un certain moment, on etait 41 dans le pick up, en comptant ceux qui etaient assis sur le toit! Il y avait trois autres touristes, dont 2 jeunes filles blondes habillees en robes de cocktail noires avec des bretelles spaghetti. Elles ont fait fureur! Pis en plus il y avait une poule en liberte. On a bien ri. Finalement, la route etait bonne, pavee tout le long. Ca nous a quand meme pris 3 heures. Le pick up s'arretait dans tous les petits villages, ou les gens venaient vendre toutes sortes de choses a manger, dont des viandes sur des brochettes. Ca ressemblait a du rat ou de l'ecureuil. Il y avait meme des brochettes de bibittes, des gros barbots noirs, environ 20 enfiles un a la suite de l'autre sur une brochette de bambou. Pis des grosses sauterelles, bien roties! Les barbots etaient plus populaires que les sauterelles. Ca a l'air d'une specialite de l'endroit! On n'a pas goute!

Personne ne parlait anglais ni dans le pick up ni dans les villages. On a fini par debarquer quelque part, les gens nous ont fait signe d'entrer dans un bateau, une petite pirogue ou on etait 5 touristes. On s'est rendus jusqu'a un debarcadere. Mais on savait pas trop ou on etait personne. Le lendemain on a appris que c'etait l'ile de Don Det.

C'est une toute petite ile, peut-etre 3 kms de long, 1 de large. Il n'y a pas vraiment de village, mais des maisons de bambou tout le long de l'ile, et des rizieres, des plantations de noix de coco et de kapok. Comme on est a la fin de la saison seche, tout a ete recolte et les champs sont jaunes et bruns. Dommage, les rizieres doivent etre magnifiques quand c'est vert emeraude! Il y a des buffles, des vaches, des cochons et des poules qui grapillent ce qui reste dans les champs. Nous avons loue une petite hutte de bambou. (Qui coute $1 par jour). Avec un matelas et une moustiquaire comme tout ameublement, mais aussi, luxe supreme, une veranda donnant au-dessus du Mekong, Et sur la veranda, 2 hamacs. Nous avons passe 4 jours sur l'ile de Don Det. Dont 3 dans nos hamacs. On a mis nos lectures a jour. Quand il faisait trop chaud, on se levait (lentement) pour aller se baigner dans le Mekong. A Si Phan Don, le Mekong devient tres large et il est entrecoupe de plusieurs petites iles. Le bras qui passait devant notre hutte etait tiede et propre. Une journee, on a nage jusqu'a l'ile en face. On a fait le tour. Ca a ete notre activite de la journee. En plus d'aller se chercher des birlao au resto d'a cote. Malheureusement, comme il n'y a pas d'electricite, les bieres ne sont pas trop froides... Il faut souffrir pour voyager!

On a pris une journee pour marcher autour de notre ile et traverser un vieux pont construit par les Francais qui la relie a l'ile de Don Khone. Il y avait sur ces 2 iles un chemin de fer d'une quinzaine de kilometres qui permettait de transporter des marchandises en evitant des rapides et des chutes sur le Mekong. C'est le seul chemin de fer du Laos. On est alle voir les chutes qui sont au bout de l'ile de Don Khone. Jolies, mais pas aussi spectaculaires qu'apres la saison des pluies. Il y a sur l'ile de Don Khone des vieilles maisons coloniales francaises, mais pas de grosse agglomeration non plus. C'est vraiment la campagne traditionnelle. Un autre siecle. Mais ca va surement changer rapidement. Mon Lonely Planet parlait d'une piste en terre reliant Pakse a Si Phan Don, c'est aujourd'hui goudronne. Il parait qu'il y a des plans pour amener l'electricite prochainement. Les bieres vont etre plus froides, mais il va y avoir pas mal plus de monde!

Mars et avril sont les mois les plus chauds de l'annee ici et il doit faire au moins 40 dans la journee et ca doit descendre a 38 la nuit! Heureusement, le soleil est souvent couvert. On a eu quelques grosses averses tropicales et quelques orages electriques. On sent que la saison des pluies s'en vient. Mais la chaleur et l'humidite sont difficilement supportables. C'est pour ca qu'on n'a pas loue de bicyclettes, on a prefere marcher les 10 kms d'une ile a l'autre. C'est aussi pour ca que le lendemain, on a decide de faire une autre journee de hamac! On aurait pu aller voir une autre chute sur le Mekong, ou prendre un bateau pour voir des dauphins en voie d'extinction, mais l'appel de la veranda (et de la birlao) a ete trop fort!

Nous avons maintenant quitte ce petit paradis. On a repris le bateau puis le pick up vers Pakse. Il est 13h30 et notre autobus pour Vientiane part a 20 heures. C'est suppose prendre une douzaine d'heures. De Vientiane, on va prendre l'avion vers Hanoi. On a hate de voir le Viet Nam.

2004/03/24

Laos, le pays d'une seule biere

L'autre jour je vous ai conte une petite "mentrie". La premiere pub que j'ai vu, en entrant au Laos, n'annoncait pas une compagnie d'assurance. L'assurance c'etait en fait la deuxieme. La premiere c'etait une annonce de biere: la BeerLao. Une belle panthere noire en plein milieu de l'etiquette. Faut dire que la premiere gorgee n'etait pas a la hauteur de l'impression causee par l'affiche. Une petite biere fade, qui ne goute pas grand chose. Elle n'arrive pas a la hauteur des bieres thailandaises comme la Chan et surtout la Singha. Mais cela ne nous a pas empeche d'en prendre quelque'unes. Plus on en prend, plus on la trouve bonne. Et on ne peut s'empecher d'en prendre puisque c'est la seule qui se vend. Il y a bien de la Heineken, mais on est pas pour payer le gros prix pour boire une biere commerciale qui est facilement accessible chez nous. C'est la premiere fois que je visite un pays qui ne produit qu'une seule marque de biere. Ce n'est certainement pas parce que c'est un pays communiste, puisqu'en 77 la Chine produisait plusieurs bonnes bieres. Je ne sais pas pourquoi il en est ainsi. Ni non plus pourquoi il n'y a pas de biere thailandaise, meme si on peut voir les affiches des bars de l'autre cote du Mekong. C'est d'autant plus surprenant que le pays est cense etre de plus en plus ouvert a l'entreprise privee. Hier, avec nos amis Roger et Huguette on est entre dans une boutique visiblement tenue par des Chinois. On y vendait de l'artisanat vietnamien. Les prix etaient en Bahts thailandais. On etait a Savannakhet, une ville laotienne!!! Alors pourquoi une seule biere? Si quelqu'un a une reponse.

Demain nous quittons Pakse pour Si Phan Don, les 4 000 iles sur le Mekong au sud du Laos, tout pres de la frontiere cambodgienne. On va y faire un peu de velo ou de la mobylette, du "island hopping", comme le dit si bien Lonely Planet -- on ne fera tout de meme pas 4 000 sauts -- et peut-etre jeter un coup d'oeil sur le Mekong au cas ou il s'adonnerait a y passer un dauphin ou deux. Lonely Planet pretend qu'il y en a. Va falloir etre prudent pour ne pas se faire arroser par les pluies diluviennes qui ont commece depuis quelques jours. En plus va falloir se mettre de la creme solaire parce qu'il fait chaud. On annonce 104 f pour demain a Pakse. Heureusement on va etre parti plus au sud!

Sabaidi!

2004/03/19

Dernieres photos

Non, elles ne sont pas du Laos, mais les dernieres de notre sejour au Myanmar, a Inle Lake, plus precisement. Il y en a 10 d'ajoutees. Pour voir les photos du Slow Boat, il va falloir patienter encore quelques jours ;0)

Au plaisir.

2004/03/16

Luang Prabang pays du coucher de soleil ''à journée longue''

Nous sommes au Laos depuis quelques jours déjà et nous n'avons pas encore vu le soleil, avec un vrai ciel bleu. Soit qu'il se cache derrière les nuages comme hier, - on a même eu droit à de bonnes averses - soit qu'il nous apparaisse comme une belle boule rouge à travers un rideau blanc. C'est un peu comme il y a quelques années, au mois de mai à Montréal, lorsque les feux de forêts faisaient rage autour de la Baie James, je crois. Sauf qu'ici le feu est provoqué volontairement. Exactement comme au Myanmar: ''slash & burn''. Et dans les villes tout le monde brule les feuilles mortes. Alors c'est carrément irrespirable. Dommage parce que Luang Prabang est une ville très sympathique.

Notre séjour à commencé par une lente descente du Mekong, à partir de la frontière avec la Thailande jusqu'à Luang Prabang. Magnifique. Des tonnes de photos malgré la lumière plutôt laiteuse causée par les brulis - ça leur donne un petit air David Hamilton ;0). Disons que ''slow boat'' n'est pas la principale caractéristique qui aurait dû être retenue pour nommer les petits bateaux qu'on doit prendre. Si vous avez l'intention de faire ce trajet, courrielez-nous. On pourrait vous donner quelques conseils pour vous éviter des emm... inutiles. Je ne vous en dis pas plus puisqu'Hélène se promet d'écrire un ''petit quelque chose'' sur ce grand fleuve.

Trois jours à Luang Prabang. On y a fait des achats d'artisanat des communautés qui habitent la région, particulièrement des Mongs. Ils font de très beaux tissages à partir desquels ils confectionnent toutes sortes de beaux objets. On vous montrera cela en arrivant.

La ville est calme, petite, que 40 000 habitants. Quelques personnes parlent français, comme la propriétaire du Vanvisa Guest House ou nous avons logés très confortablement. Les affiches des bureaux de l'administration et du gouvernement sont en français aussi. Le bureau de poste s'appele ''La Poste du Laos''. Mais les employés de le parlent pas. C'est comme s'ils avaient décidé de ne pas traduire les noms des entreprises publiques, après le départ des Français. La première affiche que j'ai vue au pays était située sur la partie intérieure du toit du premier bateau qu'on a pris: ''La compagnie d'assurances générale du Laos''. Un peu inquiétant quand on met les pieds dans une embarcation qui n'a pas l'air très solide, mais c'est tout de même une affiche en français: rassurant.

Tout près il y a une très belle chute: Khuang Si. - Il se peut que vous la trouviez écrite autrement sur les cartes. - Une belle randonnée dans la jungle comme on en voit dans les films, avec les effets sonores et tout, et tout. Des orchidés qui pendouillent un peu partout. Des lianes avec lesquelles les enfants ont construit ''un Tarzan'' comme on dit chez nous, soit une corde attachée à une branche et à partir de laquelle on peut se balancer à l'eau en criant AAAAAAHHHHHHaaaaaaHHHH. Sauf qu'ici les enfants utilisent de vraies lianes. On se promettait de s'y baigner, tellement il faisait chaud, mais rendu au pied de la cascade on a changé d'idée. Pas aussi ''jeunesse'' qu'on pensait! L'eau y est très froide. Mais les vapeurs qui nous aspergeaient étaient amplement suffisantes pour nous rafraichir.

Depuis hier on est à Vang Vieng, pas très loin de Vientiane, la capitale du pays. Ici c'est encore plus petit que Luang Prabang. Un gros village. Axé sur le tourisme. Et il y en a beaucoup. Que des jeunes, ou à peu près. On a l'impression d'avoir fait grimper la moyenne d'âge depuis notre arrivée. On y vient pour les grottes qu'il y a un peu partout dans la région. Le paysage est assez spectaculaire. Des montagnes tout autour de la vallée. Des formations Kharstiques (je ne suis pas certains si ce mot existe en français; pas eu le temps de faire de recherche sur ce que c'est exactement). D'immenses menhirs qui montent jusq'à près de 2 000 m. Pour le moment on n'a vu que les grottes Chang et on a été bien impressionné. On nous avait dit que ce n'était pas aussi beau que celles qu'il y a en Europe et en Chine, alors on ne s'attendait pas à grand chose. Mais une fois sur place on a été agréablement supris. On pensait à une petit grotte avec un Bouddha ici et là. Mais en fait cela nous a pris une heure a faire le tour du circuit très bien balisé et éclairé, par ailleurs. Faut dire qu'on n'a pas encore vu celles d'Europe et de Chine. Un jour peut-être!

On y vient aussi pour le kayak de rivière. Des descentes assez sportives à la fin de la saison des pluies, mais plutôt pépères en été. Alors on a décidé de tenter le coup demain matin. Le jeune montréalais qu'on a rencontré à l'arrivée hier après-midi avait l'air bien heureux de sa journée.

Le lendemain on va poursuivre la route vers Vientiane et après on aura de grosses décisions à prendre: irons-nous voir les 4 000 iles, juste à la frontière du Cambodge? Nous devons prendre l'avion pour Hanoi le 1er avril à Vientiane. Alors beaucoup de bus en perspective, si on décide de pousser une pointe vers le sud. On réfléchit. A bientôt pour les photos.

2004/03/07

Les consolations de la philosophie

Je viens de terminer la lecture de ce petit bijou. C'est un jeune voyageur, Dave, qui m'a mis sur cette piste, à Inle Lake, au Myanmar. Il lisait The Art of Travel de Alain de Botton. L'auteur y parle de la façon dont les artistes ont ''romanticized'' (je ne trouve pas l'équivalent français) les voyages, me dit-il. Rendu à Bangkok je trouve le livre et l'achète: on ne peut rester insensible a une reflexion sur L'art du voyage, titre de la traduction française chez Mercure de France, quand on est en plein milieu d'un voyage. J'étais juste désolé de ne pas l'avoir lu avant de partir: tout à coup qu'on y apprendrait que les voyages ne valent pas la peine!!! Le libraire qui me l'a vendu m'informe que de Botton a ecrit un autre livre qui a ete un bestseller aussi Les consolations de la philosophie, titre de la traduction fran?aise de. Alors la je ne pouvais résister. J'ai même lu ce dernier en premier. Magnifique.

L'auteur part du point de vue que la philosophie doit servir a nous rendre la vie plus vivable, que tout le reste, la science, le savoir, l'erudition est secondaire pour ne pas dire inutile. De la il glane dans le corpus philosophique traditionnel, les auteurs qui proposent un art de vivre. Un peu comme le fait Comte Sponville, me dit Helene. Mais la je suis en terrain incertain ne l'ayant pas lu. Ce que j'ai surtout apprecie chez de Botton c'est son approche.

L'anecdote est une arme dangeureuse pour un prof. Mais je me suis rendu compte assez rapidement qu'elle est essentielle pedagogiquement. C'est le truc principal de de Botton. Il maitrise admirablement l'art d'introduire les idées principales des auteurs à travers les anecdotes de leur vie concrète. Socrate, Épicure, Sénèque, Montaigne, Shopenhauer, Nietzsche sont mis à contribution à tour de rôle pour nous faire comprendre comment au XXè siècle la philosophie peut être une consolation pour chacun de nous, pour nous aider à surmonter le fait qu'on ne soit pas populaire, qu'on n'ait pas assez d'argent, qu'on soit inadéquat à plusieurs niveaux, y compris sexuellement, qu'on ait peur des difficultés de tout genre.

Un style simple. On sent qu'il se voit comme un émule de Montaigne. Il ne craint aucun sujet, y compris ses propres faiblesses sur le plan sexuel, pour actualiser son propos. Chose intéressante aussi, le livre est illustré d'images tirées de l'iconographie classique, ne craignant pas non plus l'approche disneyenne. (Il a un petit côté Marshall McLuhan. Ces deux livres ont aussi servi à monter des séries télévisées en Angleterre. Un bon vulgarisateur, brèfle. Mais on sent qu'il maîtrise bien ses auteurs.)

Je n'ai pas encore terminé The Art of Travel, mais je peux vous recommander Les consolations. Surtout pour ceux et celles qui auront bientôt à réfléchir sur la façon dont ils/elles s'y prendront pour intier notre belle jeunesse cégépienne ou autre aux subtilités et à la nécessité de la réflexion philosophique.

Seul bémol, aucune référence à celui qui a été le premier, du fond de son cachot, à faire la promotion de la philosophie comme antidote aux vicissitudes de l'existence humaine. Mais j'imagine que ce n'est que pour mieux illustrer que l'érudition en philosophie est vraiment secondaire que de Botton ne mentionne même pas le nom de Boèce.

2004/03/06

Blogues de voyageurs québécois

Il y a un mois environ on a reçu un courriel d'un voyageur qui venait de finir un périple en Asie du Sud-Est, après avoir consulté notre ami Rober Bérubé de Les routes du monde. Par hasard, en faisant une recherche sur Rishikesh, il est tombé sur notre site. Il y a deux semaines on a rencontré deux jeunes Québécois au Myanmar qui arrivaient de la Malaisie et qui se préparaient à passer au Cambodge. On a aussi rencontré un autre Montréalais en périgrination en Asie. Tous ont en commun d'avoir des sites Internet, dont deux qui sont des blogues. Malheureusement on a oublié de prendre en note celui de Jean-François. Son site devrait être intéressant par les discussions qu'on a eues ensemble et aussi dû au fait qu'il est un jeune retraité d'une boite de consultant en informatique. Je vous donne les coordonnées des deux autres.

Piairjooles en cavale - Récit d'un voyage en solitaire en Asie et en Océanie est le blogue de Pière-Jules Tremblay:un beau blogue, bien léché, bien écrit.

The Trip, Exploring curiosity with a full plate, a carafe of ideas and a schedule that is tough to stomach est le récit de voyage de Joel et Dave. Ils ont de magnifiques photos, Joel étant particulièrement perfectionniste sur les photos.

Toujours à Chiang Mai. On se repose un peu et on prépare notre visite au Laos en compagnie de Roger et Huguette, nos amis gaspésiens rencontrés à Koh Chang.

2004/03/02

Préparatifs de la fin de notre voyage

Nous avons à peu près fini nos préparatifs pour la suite et la fin de notre périple en Asie du Sud-est. Notre 3ième séjour à Bangkok a donc été plus marqué par des tâches d'organisation que par des activités de touristes. On voulait s'installer loin de Khao San Road, mais finalement on y est revenu. Pas tellement pour les bars et le ''night life''. Mais on peut tout y régler facilement. Hélène a pu faire réparer un ''plombage'' pendant que je mettais les photos du Myanmar sur le site. Les deux boutiques une à côté de l'autre! On a pu trouver assez facilement un remplacement de clips pour les lunettes de Hélène, un petit pot de Vaseline, du yogourt au thé vert pour manger avec nos Corn Flakes du matin, tout en lisant Libération, acheté à deux pas de notre chambre. En 30 minutes on a fait le tour de 4 ou 5 agences de voyages pour magasiner de billets d'avion pour Bali, pour Manille (oui, une nouvelle possibilité vient de se présenter à nous: on s'en reparle si jamais cela se développait) et pour Montréal. Bref tout ce que le touriste désire dans un qadrilatere de 300 mètres!!

La suite du voyage: on part pour le nord de la Thailande demain soir et dans quelques jours on passe au Laos. Le 1er avril on prend l'avion à Vientiane pour Hanoi. Début mai le Cambodge. Mi-mai à mi-juin Bali. On a fait une croix sur le Japon: ce sera pour une autre fois. On a rencontré des gens qui nous ont donné le goût de faire une virée en Malaisie, aux Philippines, au Népal, en Chine... Tout cela est reporté à plus tard, Inch Allah, comme disent les hotesses de Biman Air en annonçant l'atterrissage.
Visages du Myanmar

Les gens du Myanmar sont particulièrement sympathiques. Notre séjour a donc été très agréable, malgré les difficultés de communication et le niveau de vie assez bas de ce pays. Quelques impressions avant de vous en parler plus longuement, de vive voix peut-être, dans quelques mois.

Si l'Inde nous donnait l'impression de reculer d'une trentaine d'année, le Myanmar nous a fait penser aux annees 20 et 30, du moins l'idée qu'on se fait de ces années, à travers ce que nous en ont dit nos parents et ce que nous avons pu voir comme reconstitution dans les représentations des médias. Les moyens de communications sont très limités par rapport à ce qu'on connait chez nous. Je ne parle pas principalemet du téléphone et de l'Internet qui fonctionnent de façon épisodique. Les routes comme on connait sont pratiquement inexistantes. On a visité des villages ou le seul moyen de s'y rendre c'est à pied. Un autre n'est accessible que par une route de terre battue toute nouvelle. Elle date de l'an dernier et a été construite à bras, à flanc de montagne! Les Palaungs de ce village cultivent à flanc de montagne et leur récolte peut maintenant être menée au village par charette à boeuf, à 16 km de là, alors qu'il y a un an, ils devaient transporter leur denrées à dos d'homme dans des sentiers qui sont un vrai défi pour un randonneur de mon genre. Imaginez la course des portageurs comme parcours habituel, comme mode de vie. Les Palaungs cultivent aujourd'hui du riz de montagne, du thé et des légumes (choux, chou-fleurs, tomates, ail, oignons). Mais il y a deux ou trois ans, ils cultivaient surtout l'opium, dont la culture est aujourd'hui interdite.

Les déplacements dans le pays sont donc toujours assez difficiles. Une seule bonne (?) route: Yangon à Mandalay (200 Km environ) prend environ 16 heures par bus. Le voyage entre Inle Lake et Yangon, notre trajet de retour, sur une route à une seule travée, nous a pris 19 h, pour une distance équivalente!

L'électrification n'est même pas encore terminée. Non seulement les pannes sont fréquentes à Yangon, la capitale et à Mandalay, la deuxième ville en importance, mais des régions entières n'ont pas d'électricité. Cela fait en sorte que les ciels étoilés sont magnifiques pour les touristes, mais la vie quotidienne se passe dans l'obscurité pour la grande majorité des campagnards, après 18h30.

On a rencontré un couple de Myanmariens (je ne sais pas si on peut parler vraiment ainsi) qui ont quitté après la révolution de 1962 qui a porté l'armée au pouvoir, exilé volontairement en Australie depuis, nous ont dit que dans les années 60 les communications étaient plus faciles. Je ne sais pas s'ils ont raison. Mais il y a certainement un retard important à rattraper.

Au moment ou on y était c'était la fin de l'hiver: autour de 15 c la nuit, en ville et 5 c en montagne, alors que le jour le mercure oscillait entre 25 et 35 c. Tout le monde avait leur tuque et leur manteau d'hiver, sauf nous et les quelques autres Canadiens rencontrés. Pour nous c'était la canicule. Autre cause de déroute pour nous, les couleurs. Du brun, des ocres, des jaunes partout. Mais aussi du vert. Les arbres ne perdent pas tous leurs feuilles en hiver. Même les feuillus. Pour ajouter à la confusion beaucoup d'arbres immenses étaient couverts de fleurs magnifiques, sans aucune feuille. Assez spectaculaires ces squelettes fleuris en jaune vif, mauve ou en oranger flamboyant. Partout la terre est rouge comme à l'Ile-du-Prince-Edouard. Et comme les routes sont à peu près toutes en terre battue, la sècheresse de l'hiver fait en sorte que ce battage la transforme en une belle farine rouge qui se disperse au moindre petit dérangement. Alors les autobus, les vélos, même les pas provoquent des nuées rouges-roses. Combinée avec la créosote des feux pour préparer la cuisine (tout le monde utilise le charbon -- pas vu une seule bonbonne de gaz), les feux de feuilles pour débarasser les terrains, le monoxyde de carbone des génératrices qui pétaradent pour pallier aux déficiences du système de distribution de l'électricité, on obtient un mélange tout à fait irrespirable. On pensait qu'en campagne, qu'à la montagne, ce serait mieux. Mais non. Partout on utilise la bonne vieille méthode du feu pour se débarasser des herbes sèches et préparer le sol à recevoir la pluie et les semences. Vu du sommet ou on dormait, lors d'un petit trek de 2 jours, on avait l'impression que toute la campagne brûlait. Tout le monde tousse et crache à s'en arracher les poumons.

Malgré ces difficultés de circuler, de respirer, on a vu des choses et des gens extraordinaires. Quelques personnes qu'on a rencontrées, à part les voyageurs et les touristes de notre genre: le guide Kho Mo de Mandalay, Mr Charles, propriétaire d'un ''Guest House'' de Hsipaw, célèbre dans le Lonly Planet et Mr Chain, guide de trek à Kalaw.

Kho Mo est le chauffeur qui nous a conduit dans 3 des anciennes villes impériales autour de Mandalay. Souriant, dans la trentaine, jeune marié sans enfant (il nous dit que cela coute très cher d'avoir des enfants), il nous a fait faire le ''sight seeing'' de façon très agréable. Il nous a expliqué que si les Occidentaux se faisaient bronzer, au Myanmar on fuyait le soleil: une peau plus pâle est jugée plus belle. Ce serait une des raisons qui explique le curieux maquillage que portent les femmes et les enfants. (Voir les photos.) Il avait déjà fait quelques séjours au monastère, comme cela est obligatoire pour tous les boudhistes du Myanmar. Mais il a décidé que la vie monastique ne lui convenait pas, ayant de la difficulté à ne prendre que 2 repas par jour: une soupe le matin et le dîner vers 11h.

Mr Charles, propriétaire du Guest House le plus fréquenté à Hsipaw (prononcez ''Sipas'', ou encore mieux, à l'ancienne, ''Thibault'') et marcheur quotidien. Un marcheur comme je les aime: lent, régulier, silencieux, sauf aux moments importants ou il peut nous entretenir sur l'histoire moderne du Myanmar, sur l'agriculture locale, sur les problèmes politiques. C'est une des rares personnes avec qui on a pu discuter du travail forcé, de la situation difficile du pays, sur la nécessité d'une plus grande ouverture. C'est une des personnes que Lonely Planet a consulté pour préparer le chapitre de son dernier guide du Myanmar qui porte sur le débat ''doit-on oui ou non visiter le Myanmar?'' Bien sur qu'il défendait le point de vue qu'il faut le visiter, entre autre pour les raisons que cela peut aider à lutter contre le travail forcé. (voir l'entrée de Hélène Merveilleux Myanmar") Il nous a introduit dans quelques villages Shan. On a pu, grâce à lui, discuter avec des villageois, qu'on n'aurait pas pu rencontrer autrement. Par lui on a aussi rencontré une retraitée australienne qui fait du travail bénévole pour enseigner l'anglais aux enfants de Hsipaw. Une femme qui a du bagout et qui nous a donné le goût de l'imiter.

M. Chain est peut-être celui que nous avons le plus connu, ayant passé 2 jours a marcher avec lui. Il nous a organisé une marche qui nous a fait voir la jungle du Myanmar, entendre ses oiseaux, même s'il n'y avait pas de perroquet. Il nous a fait marcher aussi sur des sentiers ombragés, au moment le plus chaud de la journée. Lui aussi nous a introduit chez de ses amis villagois des montagnes autour de Kalaw. Il nous a parlé du travail communautaire, ce que mon père aurait appeler ''faire un bi''. Quand quelqu'un a besoin de beaucoup de maind'oeuvre il invite les autres de la communauté à l'aider à un moment précis. Il leur donne 2 kg de viande. Si l'invité accepte la viande, il se présentera à pour la corvée. Mr Chain appelait cela ''A meat promise'', ''You can't break a meat promise!'' Tandis que si c'était pour de l'argent, la promesse ne tiendrait pas nécessairement. Le jour de la corvée, tout le monde se rend au travail et la tâche est faite le plus rapidement possible. Le propriétaire a dû par contre acheter un autre boeuf, le faire cuire avec des légumes, dans une marmite assez grande pour satisfaire tous les appétits. Chacun apporte son riz. Le midi tout le monde mange aux frais de celui qui a organisé la corvée. Il nous a expliqué aussi que la nouvelle route avait été construite par du travail bénévole, un peu comme pour les corvées de village. Le gouvernement a donné une somme d'argent au chef de village pour acheter des boeufs, les abattre et en donner à tous ceux qui participeraient à la construction de la route. Il semble qu'elle a été construite en un temps record. C'est d'ailleurs de cette manière qu'a procédé Lonely Planet pour faire construire un pont à Inle Lake. Il ont fourni l'argent et les villageois ont fourni du ''voluntary labour''. A prendre en considération quand on parle de travail forcé au Myanmar.

Excusez-moi d'avoir été un peu long, mais ça faisait longtemps qu'on ne s'était parlé et il est fort probable que nos trois prochaines semaines au Laos vont être aussi silencieuses que celle du Myanmar. Pas à cause de la censure, mais à cause du sous-développement. Le Laos est le pays le plus pauvre du Sud-est asiatique.

Nos meilleures photos des visages du Myanmar et de quelques paysages sont accessibles sur le site Yahoo en cliquant ici ou sur le lien dans la colonne de droite.