2004/03/07

Les consolations de la philosophie

Je viens de terminer la lecture de ce petit bijou. C'est un jeune voyageur, Dave, qui m'a mis sur cette piste, à Inle Lake, au Myanmar. Il lisait The Art of Travel de Alain de Botton. L'auteur y parle de la façon dont les artistes ont ''romanticized'' (je ne trouve pas l'équivalent français) les voyages, me dit-il. Rendu à Bangkok je trouve le livre et l'achète: on ne peut rester insensible a une reflexion sur L'art du voyage, titre de la traduction française chez Mercure de France, quand on est en plein milieu d'un voyage. J'étais juste désolé de ne pas l'avoir lu avant de partir: tout à coup qu'on y apprendrait que les voyages ne valent pas la peine!!! Le libraire qui me l'a vendu m'informe que de Botton a ecrit un autre livre qui a ete un bestseller aussi Les consolations de la philosophie, titre de la traduction fran?aise de. Alors la je ne pouvais résister. J'ai même lu ce dernier en premier. Magnifique.

L'auteur part du point de vue que la philosophie doit servir a nous rendre la vie plus vivable, que tout le reste, la science, le savoir, l'erudition est secondaire pour ne pas dire inutile. De la il glane dans le corpus philosophique traditionnel, les auteurs qui proposent un art de vivre. Un peu comme le fait Comte Sponville, me dit Helene. Mais la je suis en terrain incertain ne l'ayant pas lu. Ce que j'ai surtout apprecie chez de Botton c'est son approche.

L'anecdote est une arme dangeureuse pour un prof. Mais je me suis rendu compte assez rapidement qu'elle est essentielle pedagogiquement. C'est le truc principal de de Botton. Il maitrise admirablement l'art d'introduire les idées principales des auteurs à travers les anecdotes de leur vie concrète. Socrate, Épicure, Sénèque, Montaigne, Shopenhauer, Nietzsche sont mis à contribution à tour de rôle pour nous faire comprendre comment au XXè siècle la philosophie peut être une consolation pour chacun de nous, pour nous aider à surmonter le fait qu'on ne soit pas populaire, qu'on n'ait pas assez d'argent, qu'on soit inadéquat à plusieurs niveaux, y compris sexuellement, qu'on ait peur des difficultés de tout genre.

Un style simple. On sent qu'il se voit comme un émule de Montaigne. Il ne craint aucun sujet, y compris ses propres faiblesses sur le plan sexuel, pour actualiser son propos. Chose intéressante aussi, le livre est illustré d'images tirées de l'iconographie classique, ne craignant pas non plus l'approche disneyenne. (Il a un petit côté Marshall McLuhan. Ces deux livres ont aussi servi à monter des séries télévisées en Angleterre. Un bon vulgarisateur, brèfle. Mais on sent qu'il maîtrise bien ses auteurs.)

Je n'ai pas encore terminé The Art of Travel, mais je peux vous recommander Les consolations. Surtout pour ceux et celles qui auront bientôt à réfléchir sur la façon dont ils/elles s'y prendront pour intier notre belle jeunesse cégépienne ou autre aux subtilités et à la nécessité de la réflexion philosophique.

Seul bémol, aucune référence à celui qui a été le premier, du fond de son cachot, à faire la promotion de la philosophie comme antidote aux vicissitudes de l'existence humaine. Mais j'imagine que ce n'est que pour mieux illustrer que l'érudition en philosophie est vraiment secondaire que de Botton ne mentionne même pas le nom de Boèce.

Aucun commentaire: