2007/11/16

«L'Afrique des idées reçues»

Le Centre Culturel Français est tout à côté de la Place de la Nation, (Voir la photo du billet précédent) à 2 pas de chez Flavie. Hier soir c’était soir de conférence : un groupe de jeunes chercheurs français et africains, ont fait une analyse des préjugés à propos de l’Afrique qui ont cour en France. Leur livre fait le tour de 51 idées préconçues. Pour chacune, une analyse de quatre ou cinq pages qui donne des exemples de la présence de cette idée dans les medias et la culture française, des faits documentés scientifiquement qui montrent en quoi elle est fausse et aussi la part de vérité qu’elle contient. Des idées qui ne sont pas très différentes de celles qu’on peut lire dans la littérature et la science de l’époque coloniale, et ça dans la bouche des Sarkosy et des Crouchner, dans les manchettes de France-Soir, mais aussi de Le Monde, de Libération : Les Africains ne pourront jamais s’en sortir! Si les Israéliens s’étaient installés au Tchad, Le Tchad serait beaucoup plus développé que maintenant ! Et des tonnes d’autres exemples du même genre.



Une scène vide : une table, trois chaises, un écran sur lequel est projeté le titre de la présentation. Les conférenciers sont dans la salle. Le présentateur est en arrière de la salle. Ce qui fait que tout le monde a le cou endolori après quelques minutes. Suit un « pawouèrepouinte » comme je n’en ai jamais vu.

Je ne sais pas si c’est typiquement Français comme approche, mais ça m’a fait penser que oui, tellement c’est cartésien. Une série de diapositives qui résume l’approche du livre en cinq grandes articulations. Chaque point est subdivisé en 4 ou 5 idées. Chacune de ces idées sous-divisée elles aussi en 4 ou 5 éléments. Que du texte, bien structuré, avec puces et numéros et tout et tout. Et, à la fin de chaque section, une diapositive graphique pour illustrer les idées qu’on vient tout juste d’exposer : une photo, un dessin, un graphique, «quelque choses de visusel quoi»! D’une clarté limpide. Mais pas tout à fait dans le style nord-américain où le visuel aurait tendance à prendre le dessus sur le textuel. Mais en fait ce n’est pas un gros choc culturel.


Après la conférence, la critique. Changement de décor. Fini la salle de conférence avec écran de projection. On passe à la mise en scène de type interview de télévision. Trois chaises autour d’une table, sur la scène, les conférenciers français de chaque côté du critique malien, en boubou, comme il se doit. Il fait part de ses idées suite à sa lecture du livre. Assez élogieux sur cette entreprise de démystification : elle permettrait de voir plus clairement et plus réellement l’Afrique. Il fait aussi ressortir comment les idées reçues affectent le point de vue que les Africains ont sur eux-mêmes. Il se dit optimiste, suite à cette lecture. Il souligne quelques défis : comment dépasser la solidarité de type familiale qui ne comporte pas que des avantages avec l’urbanisation.

Après la critique, le débat. (Là je n'qi pqs osé prendre de photo.) Peu de Mailiens dans la salle. Surtout des Français, une bonne délégation de Québécois et de Québecoises. Mais ce sont eux qui prennent le crachoire. Quelque’uns vont même jusqu’à «titiller un peu» les conférenciers. Vous avez une perspective généraliste : vous dénoncez les généralisation hâtives, alors que vous ne palez que DES Africains. Il faut avoir une perspective plus régionaliste, plus locales. A quand votre livre sur les idées reçues sur l’Europe? Pourquoi y a-t-il si peu d’Africains dans l’auditoire? On sent que la fougue anti-néo-coloniale! Un peu comme chez-nous quand on parle des Anglais, des Français. Mais les débats les plus intéressants ont eu lieu entre Maliens, au sujet de la solidarité familiale et la nécessité de bousculer un peu les traditions. Dans le respect et la discorde, on se parlait tout de même dans le nez. A tout le moins, c’est l’impression que j’avais.

Demain on part pour la fin de semaine à Ségou. Huit heures de bus aller-retour. J’ai bien hâte de voir ce le Mali hors de Bamako.

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