2014/05/05

Encore Grenade


Nous aurons habité Grenade une douzaine de jours, et notre impression du premier jour n'a pas changé : c'est une ville magnifique, et à ce temps-ci de l'année, la température est idéale. La ville est assez petite, moins de 300 000 habitants, facile d'y circuler à pied ou en autobus. On n'a pas vu de quartier industriel et quand on arrive à la limite de la ville, ce ne sont pas des banlieues qu'on voit, mais des champs ou des vergers d'oliviers, ou la sierra, dépendant de l'orientation du versant de la colline ou on se trouve. C'est avant tout une ville universitaire (le Routard de Jean parle de 80 000 étudiants, le quart de la population!) et touristique. Située au pied de la Sierra Nevada, elle a un petit côté Vancouver, avec le soleil en plus. Il y a beaucoup de ruisseaux qui descendent de la montagne. Non seulement l'eau est délicieuse (pas de chlore), mais il y a assez d'eau pour alimenter des tas de fontaines au milieu de dizaines de petites places, toutes jolies et au ruissellement agréable. Rien de mieux que d'y lire son El Pais en sirotant un cafe con leche.

Comme toutes les villes andalouses que nous avons visitées, elle est divisée en quartiers  qui ont une origine historique et ethnique particulière. Souvent ils ont été construits par des populations (sépharades, musulmanes, gitanes, chrétiennes) qui en ont ensuite été chassées, pour être habités par d'autres qui les ont transformés. L'Albaicin, c'est l'ancienne médina arabe, un labyrinthe de petites maisons et de villas aux patios imposants. Le Sacromonte, c'est l'ancien quartier des gitans, il comporte encore des maisons troglodytes. Dans le Centro, maintenant dominé par les constructions chrétiennes d'Isabel la Catholique, il reste quand même la Madraza, ancienne école musulmane et un Caravansérail ou on peut imaginer que s'arrêtaient les caravanes sur la Route de la Soie. Nous habitons le Realejo, un quartier plus moderne de familles de classe moyenne et d'étudiants.

On a eu le temps de visiter chacun de ces quartiers, et demain, 6 mai, notre dernier jour à Grenade, nous avons nos billets pour visiter l'Alhambra. Ces billets se réservent des mois à l'avance. Nous avons acheté les nôtres en février. Le nombre de visiteurs de l'Alhambra est limité à 7 200 par jour. Ça donne une idée de l'importance de l'industrie touristique! On a marché pas mal dans toutes les petites collines et labyrinthes grenadins; on est rendus avec des mollets d'acier!

Le Campo del Principe durant l'heure de la sieste :


Une ruelle de l'Albaicin :


Une jolie maison colorée de l'Albaicin :


Des grottes habitées (aujourd'hui un musée) à flanc de colline dans le Sacromonte :


Grenade, c'est aussi une ville de fêtes, de restos, de bars et de tapas. La vie nocturne est trépidante. Nous, on soupe tôt (vers 22h) et quand on est prêts à regagner l'appart, vers 23h, les rues sont pleines de monde. Beaucoup de touristes et de jeunes étudiants, mais aussi beaucoup de familles avec des enfants. Sais pas à quelle heure ce monde là se couche!

Il y a eu quelques jours de feria pour le "dia de la cruz" le 3 mai. Un vrai carnaval, familial le jour, plus orgiaque la nuit! Le 3 mai était un samedi, mais la feria a duré toute la fin de semaine à partir du vendredi soir. Un peu partout dans la ville, dans les places, autour des fontaines, de grandes croix ont été érigées, en roses rouges. Autour sont disposés des objets qui rappellent l'histoire: des vieux fers à repasser, des bassines de bronze, des photos de torreros etc. Je comprends pas trop le lien avec la croix...

La croix de roses rouges : (avec les gourganes à droite!)


Beaucoup de gens, surtout des femmes sont déguisés en "flamenco women", comme dirait Édouard. On a quand même vu plusieurs (genre 6) hommes déguisés aussi en "flamenco women", qui attiraient toujours l'hilarité publique, surtout quand ils/elles invitaient les monsieurs qu'elles croisent à embarquer dans un Fandango voluptueux. Il y a de la musique et des petites pistes de danse et on mange des tapas spéciales : des gourganes crues, que chacun décortique pour croquer les fèves, avec des morceaux de jambon. Il y a du monde habillé en flamenco (man ou woman) qui parcourt la ville à cheval ou en calèches. À travers tout ça, des mobylettes, scooters, bicycles, taxis et autobus! Un joyeux bordel! Il devait y avoir 1 000 personnes dans la place près de chez nous (Campo del Principe). 

Habillés en flamenco : 







Des chevaux et cavaliers dans les rues de la ville :


H.



Remarques insignifiantes

1- Granada ville étudiante. Et quand c'est le parté, ils/elles sont là. Et en gang. Un uniforme/costume/déguisement les unit. Rappelez-vous les cowgirls de Séville. Une dizaine de personnes. En fin de semaine on a croisé plusieurs de ces groupes. Une gang de filles avec un ruban jaune, comme on en voit autour des scènes de crime dans les vues. Mais écrit en noir sur le ruban, "Party Zone" pour que ce soit bien clair de quoi il s'agit. Un autre groupe, de gars, avec des tits casses verts, des teashirts uniformes et un verre de bière mon minou à la main. Ressemble à un croisement de fans d'équipes de soccer/hockey/basket/etc et de "Fraternities" américaines qui sont en train d'initier les navots. Et ça chante des chansons genre igloo-igloo. Et ça crie. La plupart ont une mascotte. On a vu une anarcho-banane, mais en pause, la fale à l'air. (Au gros soleil et il fait 28 c) La plus spectaculaire a été prise en photo par Hélène. J'la comprends. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise un jeune homme qui nous montre son string recouvert d'un mignon petit coq rouge. É

Un joli minois :


2- Les partés ça laisse des traces. La municipalité fait bien son travail. Mais les rues et ruelles autour de la Plaza Campo del Principe servent de toilettes communes. Les resto-bars sont nombreux, mais on dirait que leurs toilettes ne peuvent pas suffire. Pas très rigolo en dessous de nos fenêtres. (et on est au rez-de-chaussée!) Si je restais ici, je lancerais une pétition pour que la municipalité s'équipe des "Johny-On-The-Spot". É

3- En général, les publicités de vêtements et accessoires de mode utilisent des photos de Caucasiens, qui correspondent à des critères de beauté américains ou européens. C'est frappant quand on est en Asie ou en Amérique centrale. Voici 2 exemples différents vus dans le Centro, sur les murs près des grands magasins. H



4- Vivre ici quelque temps amène à repenser à la coexistence des religions et des ethnies. Je n'ai pas vu de femmes avec des burqas, ni avec des tchadors qui cachent le visage, mais il y en a avec des hidjabs sur la tête. Il y a un groupe qu'on voit souvent placotant ensemble en surveillant leurs enfants dans le parc à côté. Elles parlent espagnol entre elles et à leurs enfants. Avec un accent qui sonne bien andalou à mes oreilles d'étrangère. Je ne sais pas quelle est la situation des minorités ici, ou on est si près du maghreb. Je ne connais pas les lois... Mais je suis contente que la Charte des Valeurs ne soit pas passée chez nous. En ce qui concerne la tolérance religieuse, me sens vraiment d'idéologie libérale! H

5- L'appartement qu'on habite est à vendre. On n'a pas demande le prix, pour ne pas se laisser embarquer dans le processus. Mais on y a rêve la nuit. Ah le subconscient.


























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