2003/09/20

Les deux sources...

De retour a Laxmanjhula apres 6 jours fantastiques a "virailler" dans le Garhwal. Plusieurs parties du corps endolories, mais tres heureux de notre visite. Le projet initial a ete modifie pour toutes sortes de raisons. On n'a pas pu faire tout ce qu'on voulait, mais on est bien content de ce qu'on a fait. Le gros de ces 6 jours s'est passe en deplacement: a pied, a cheval, en taxi, en jeep. Des rencontres aussi, mais plutot superficielles et rapides, du genre "Namaste" (bonjour), d'ou venez-vous?. Sauf avec Harry, notre guide, qu'on a connu d'un peu plus pres. (Il nous a jusqu"appris a compter jusqu'a cinq en hindi. J'espere que ca ne nous prendra pas une autre semaine pour apprendre jusqu'a 10)

Les sources du Gange sont multiples. Quatre grandes rivieres. Et pour chaque riviere, des centaines de ruisseaux (generalement devenus torents durant la mousson). -- Il y en a tellement qu'on ne les nomme meme pas: "It's just water coming down from the mountain", me dit Harry en reponse a ma question pour connaitre le nom du torrent qui coulait a nos pieds, en remontant vers la Valley of Flowers. -- On a remonte deux de ces rivieres/vallees qui coulent des Himalayas.

Dimanche on est parti tot pour Joshimat (7h) et on est arrive a Auli vers 16h30. (Auli est une station de ski, a 15 km de Joshimat.) Une distance de 190 km environ!! La moitie du trajet se fait a flanc de montagne, en remontant tranquillement la vallee. Mais la derniere partie se fait dans des routes tres sinueuses, en lacets qui montent de 700 m a environ 2 800 m. Un long et spectaculaire processus. Les glissements de terrains font en sorte que la route est souvent tres etroite et les croisements sont plutot perilleux, du moins a nos yeux, meme si le chauffeur ne semblait pas particulierement impressionne quand notre vehicule frolait la peinture des autobus qui venaient en sens contraire.

Juste avant la tombee du jour, vers 6h30/6h45, on est sorti se faire un peu le mollet, en remontant dans la pente de ski, histoire de s'exercer pour la randonnee de 18 km du lendemain. Magnifique spectacle, le soleil couchant sur un lointain pic tout blanc/rose. La monte est difficile, cependant. L'altitude nous rend le souffle court. De retour a la station de ski, on couche dans ce qu'on appelle ici une hutte, apres un bon souper indien, vers 8h30, l'heure habituelle du repas du soir pour les Indiens. Une structure en bois qui a la forme d'une tente, avec une toilette mais pas d'eau chaude. Un petit baton d'encens rend l'atmosphere un peu plus acceptable, car la cuvette semble avoir des fuites qui suintent sur le plancher. Mais on dort tres bien, il fait frais, contrairement a Laxmanjhula. On doit se couvrir de l'edredon.

Le taxi nous reprend le lendemain matin pour la randonnee vers la Valley of Flowers a 6h. On est sur le sentier a 7h30, sans avoir rien pris pour dejeuner. Le projet: se rendre a Gangotri, apres 14 km de sentier, et ensuite se rendre a la Valley of Flowers (3 500 m d'altitude) et revenir coucher a Gangotri (8 km aller-retour). Donc une grosse journee pour des "trekeur-euse" amateur-e. La ville au debut du sentier est en fait un lieu d'accueil pour les pelerins Sihks. Le temple venere est a 6 km plus loin, apres Gangotri (5 200 m) mais pas dans la meme direction que la Valley of Flowers. On commence donc par passer une serie de "shops" qui vendent toutes sortes de bebelles pour pelerins, dont des batons de marche, que j'ai eu le malheur de ne pas acheter.

On passe rapidement et on s'engage dans le sentier. Je pensais que ca serait un peu comme les sentiers chez nous, i.e. plutot tranquille, pas trop de monde. Mais pas du tout. Une vraie route de pelerinage avec des centaines, des milliers de personnes, de tout age et dans toutes sortes de conditions et avec toutes sortes de moyen de tansport: la majorite a pied, meme le tiers de ceux-ci nu-pied, plusieurs a dos de cheval (qui ressemblaient plus a des mulets qu'aux chevaux qu'on connait), certains dans des chaises sur le dos d'un porteur (surtout des petits enfants), ou encore, comme le gouverneur de l'Etat de l'Uttaranchal qui s'adonnait a visiter le coin en meme temps que nous, etendus sur une chaise longue portee par 4 nepalais (generalement reservees aux personnes agees et aux malades qui veulent se rendre au temple). On dirait le moyen-age!

La pente nous a semble tres raide. De 700 m a 2 800 sur 14 km ca l'air de rien comme ca, mais pas a pas, sur un sentier emboue (parce que la pluie nous a arrose pendant la moitie du chemi), ou l'odeur dominante n'est pas celle de la fleur mais bien celle de la pomme... de route -- c'est normal avec tous ces chevaux qui montent et qui descendent et qui ne se tassent pas du cote du precipice mais bien du cote de la falaise, justement celui que tu convoitais toi-meme, parce qu'en bas c'est tres loin -- rempli de monde, bref, pas a pas, c'est dur pour la jambe et chacune de ses parties. A partir du km 11 le souffle a commence a nous manquer. Ce qui nous a ralenti encore plus. Heureusement qu'il y avait des "shops" ou on pouvait s'acheter de l'eau, prendre un the, se reposer. Le spectacle des montages a travers les nuages nous encourageait itou. Surtout les gens qu'on rencontrait. Ils nous saluaient, nous questionnaient. Tres chaleureux. On etait probablement les seuls a ne pas etre Sihk dans la parade et on ne se sentait pas du tout menace. Au contraire. L'atmosphere est a la fete. On a marche a peu pres au meme rythme qu'un groupe de 4 ou 5 jeunes filles et un garcon. Ils nous parlaient, riaient, nous attendaient, et finalement nous encourageaient a monter. Des discussions theologiques en montant aussi.

Ce qui fait que rendu a Gangaria, il ne restait plus que 2 heures de clarte et plus une once d'energie pour continuer. On etait bien content de se debarasser de nos vetements mouilles a tordre, de manger une bonne soupe chaude et de se glisser sous la paillasse pour se rechauffer. Il fait tres froid. Pas de thermometre en vue, mais on avait l'impression que c'etait autour de 10 c. On a dormi comme des buches.

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