2003/09/21

Glissement progressif vers le sommet

La derniere partie de notre visite du Garhwal s'est deroule assez rapidement, parce qu'on n'etait plus capable de marcher. Alors on s'est promene a cheval et en auto!

Apres notre deuxieme nuit a la station de ski Auli on est reparti vers Gangotri, la 3ieme source du Gange, mais en fait la plus importante, puisque c'est la que Vishnu, ayant le Gange dans ses nattes, l'a laisse couler en tout premier. Une tournee de 400 km environ. Ici les chauffeurs de taxi n'acceptent pas normalement de conduire plus de 200 km par jour. Alors la on a force la note un peu. Faut dire qu'on n'a pu se rendre a Gangotri meme dans la journee. Et ce n'etait pas juste parce que le chauffeur ne voulait pas conduire. Le voyage a ete interrompu par un glissement de terrain.

La mousson tire a sa fin en principe. Mais il a plu beaucoup et une coulee de boue a glisse de la montagne et bloque la route. Le chauffeur l'a appris a environ 200 km avant le glissement. On decide de s'y rendre quand meme et si la route n'est pas ouverte, on tentera de traverser a pied, pour prendre un autre moyen de transport jusqu'a Gangotri. Les kilometres s'egrainent tranquillement. La tension monte avec la fatigue. Apres 9 h de route on arrive sur les lieux du glissement: impossible de traverser en auto. Des jeeps y arrivent, mais la le chauffeur est categorique: "n'y penez meme pas", semble-t-il nous dire.

On se fait un tout petit sac a dos, le stricte necessaire et on part. Il fait presque nuit. De gentils portageurs nous accompagnent dans la bouette. Nous encouragent. Je prends des photos. Ils rigolent. Helene est habillee en indienne. Ses belles espadrilles neuves calent jusqu'a la cheville. Mais on finit par arriver de l'autre cote sans trop de difficulte. Je passe proche de m'etaler dans la snoute. Je panique a l'idee que mon bobo va a nouveau se salir et s'infecter. Mais non. Je reussis a ne salir que mes espades.

De l'autre cote on croise un autobus tout ecrapou. Il y a de gros rochers sur la chaussee. J'aurais pas voulu etre la-dedans quand c'a commence a debouler! Il semble que personne n'a ete blesse. Gangnanie est a un km. On prend un autobus. pour se rendre jusqu'a un hotel. L'hotel a une seule chambre libre. C'est meme une station thermale. Il y a une source d'eau chaude et un genre de piscine pas trop ragoutante pour s'y tremper. Mais on n'a pas le coeur a se laisser macerer dans de l'eau quasi-bouillante. On fait monter un bon diner indien choisi par notre guide. On soupe et on s'endort a nouveau comme des buches. C'est rendu qu'on peut dormir n'importe ou. La fatigue de la randonne 14 km et de la route aident a rendre acceptables des conditions qu'on aurait peut-etre trouve moins satisfaisantes il y a qq semaines.

Debout a 6 h le lendemain pour retourner prendre un taxi ou un jeep. Ils sont tous au glissement de terrain, attendant les pelerins qui vont traverser a pied comme on a fait nous-meme la veille. Sauf que personne ne vient. Des rumeurs d'un autre glissement plus bas sur la route. Les chauffeurs demandent le gros prix. On decide d'attendre. Vers 8h on reussi a negocier un transport en jeep jusqu'a Gangotri, a 2 h de route du glissement, soit 90 km. Dans la jeep on est 11 assis, 3 debout sur le pare-choc, et 2 autres sur le porte bagages!!! La route, en plus, est une des moins large qu'on ait frequentees ces derniers jours. Par endroit, il en manque des bouts. Par endroit elle est bloquee sur la moitie par un glissement. Mais le spectacle est magnifique. Il fait beau et pas chaud. On croise des groupes de pasteurs transhumants. Ce sont des gens qui parlent le Urdu. Ils ressemblent a des Afgans. Ils ont des animaux : des buffles, des chevres dont certaines a poils longs, magnifiques, des moutons. Le jour, ils dorment sur le bord de la route sous des abris de plastique et des genres de tentes. Le soir, ils roulent tout ca et ils marchent. Ils passent l'ete dans le haut de la montagne et comme on est l'automne, ils redescendent passer l'hiver a Rishikesh. Quand on les croise le jour, ce sont des petites filles d'environ 6 ou 7 ans qui gardent les animaux, dont de gros buffles. Les adultes dorment sous les tentes. Le soir, tout le monde est en marche. Et les bergers transportent dans leurs bras les agneaux et les petites chevres! Tout ce beau monde est sur la route, qui est large, au mieux, comme un trottoir de la rue Mont-Royal!

Rendu a Gangotri on visite le temple qui marque le lieu ou le Gange a ete donne aux hommes par Vishnu. Une petite ceremonie toute simple, qui ne nous coute que Rs 102. Le pretre nous marque d'un point rouge dans le front, nous fait boire un peu d'eau du Gange, nous asperge la tete, nous donne des petits bonbons, comme ceux que j'ai deja recu sur le pont a Laxmanjhula. On sonne la cloche et on quitte les lieux. Premiere etape: se louer des chevaux. Pas question de marcher. Les 36 km des deux jours precedents nous ont amoindris pas mal. Encore du taponnage de negociation pour le prix des chevaux. On s'entend sur un prix Rs 1 600 pour l'aller retour, soit un autre 36 km. A bien y penser, ce n'est pas trop cher payer ;0).($50,00 canadiens pour 2 chevaux, ou plutot 2 mules, pendant 2 jours)

La, tout un apprentissage a faire. Les "riders", ou muletiers, nous font comprendre qu'on doit se tenir fort et se pencher par en avant en montant et se tenir en arriere de la selle et se pencher par en arriere en descendant. Tout va tres bien. Jusqu'a ce que ca commence a monter et descendre vraiment. On n'est pas tombe dans le precipice qu'on avait constamment a notre droite en montant, mais on a eu assez peur merci. Surtout en descendant. Les etriers devaient etre monte un peu pendant qu'on se penchait par en arriere. Sauf que lorsque tu es deja couche sur le cheval, que tu as les espadrilles a cote des oreilles de la bete et qu'a droite c'est le vide total, eh ben, les papillons montent et les muscles se tendent.

Cinq heures pour monter jusqu'au glacier, soit 18 km. Y pas a dire, ces chevaux sont plus rapides que meme les porteurs du gouverneur. Plus rapides que nous en tout cas. De 5h a 5h30 on se promene vers le glacier d'ou coule la riviere Bi (?) . Harry n'ose pas faire un "holy dip" dans le Gange. Il fait tres froid, et l'eau sort de dessous d'un glacier. Alors... Cependant il prend une bouteille d'eau pour rapporter a ses parents.

Une demi heure plus tard les chevaux nous ont ramene au camp Bhojvasa, mais il n'y a plus de chambre. On soupe tranquillement, apres avoir reserve nos places dans le dortoir! Une autre premiere dans notre vie de voyageur. La soupe est bonne, mais elle vient de Cambel, je crois. Un chilien, un Vancouverois sont la aussi. Un brin de jasette, mais on est tellement fatigue et surtout tellement gele qu'on n'est pas tres tres jasant. Je ne pense qu'a ma paillasse et a la grosse couverture de laine qui l'accompagne.

Un fois sous les couvertures, il fait mieux. Il ne fait pas bon, mais mieux. Je finis par arreter de claquer des dents. La maison est en bois, mais pas de chauffage. Il fait en bas de 10c certainement. Pas question de prendre de douche: pas d'eau chaude... Il y a deja 4 personnes de couchees et il n'est que 6h45... Deux bresiliens deguises en hindou, avec une couche a la Gandi grelotte et toussote. Eux non plus ne sont pas tres jasant. Les Indiens placottent a qui mieux mieux. Helene placotte avec Harry de theologie. Moi je ronfle.

Le lendemain a 7 h on reprend nos betes et envoye en bas. On decide de descendre le plus vite possible, histoire de se rendre a Rhishikesh le meme jour. Vers midi on est rendu a Gangotri, A 2h une jeep bondee nous a conduit au glissement de terrain. La traversee est un peu plus facile : la boue a seche un peu. Il y a tout de meme un gros camion d'enlise jusqu'aux essieux. H est certaine que notre chauffeur a foutu le camp. Mais non. Il est la. La route du retour est longue.

Heureusement qu'on a achete une bonne biere froide avant d'arriver. La premiere depuis deux semaines. On la sirote tranquillement assis dans notre chambre en trouvant qu'on est pas mal chanceux.

Fin du premier chapitre de notre visite en Inde. Demain on part pour Chandigarh, la ville concue par Neru, selon les Hindis a qui on en a parle, et par Le Corbusier, selon nos sources au Saguenay. On va ben voir qui a raison

Je n'ai pas le temps de corriger mes fautes. Peut-etre demain a Chandigar

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